Bonjour Yves

Ces temps sont étranges, mais ils sont aussi révélateurs. J’ai des informations qui me parviennent de la manière dont les choses sont gérées ailleurs, dans d’autres établissements, et franchement, St Jo n’a pas à rougir. Loin de là.

Les cours sont préservés, alors même que tous les profs ne sont pas forcément des as de l’informatique et que certains s’arrachent les cheveux pour adapter leur enseignement au distanciel. D’autant qu’eux aussi sont souvent des parents avec des enfants cloîtrés à la maison, qu’il faut occuper et dont il faut suivre la scolarité. Et eux aussi sont parfois confrontés à la baisse d’activité d’un conjoint contraint d’arrêter de travailler, avec tout ce que ça peut entraîner de conséquences sur le quotidien. Qu’ils en soient remerciés et félicités, car tous les élèves du coin, et notamment du public, n’ont apparemment pas la même chance…

L’établissement lui-même n’est pas brutalement devenu une maison vide, grâce à l’engagement sans faille des salariés qui se relaient quotidiennement pour continuer à l’entretenir, à préserver le contact avec les familles, à le garder vivant en somme, dans l’attente de la fin de cette épidémie qui le rendra à ses élèves, à ses profs, à tous ceux pour qui il représente bien plus qu’un simple « établissement d’enseignement secondaire ». Donc, merci aussi à ces personnes qui viennent chaque jour garder la flamme de St Jo allumée, même si c’est pour l’instant à l’état de veilleuse.

Et puis il y a les parents, les familles, dont certaines vont traverser bien d’autres difficultés que la « simple » absence de cours pour leurs enfants. Des mesures exceptionnelles ont d’ores et déjà été prises par St Jo pour alléger leurs soucis financiers du moment, et cela montre une fois encore que St Jo n’est pas « juste une boîte à bac » comme certains aimeraient le faire croire. Il y a une véritable proximité entre St Jo et les familles, une humanité qu’on ne retrouve que rarement ailleurs. Une solidarité aussi, et nous vivons justement un moment qui la met en évidence, pour ne pas dire en valeur. Cette solidarité justifie sans discussion possible qu’on aide les plus touchés à passer ce cap difficile, dans la discrétion et l’humilité.

Mais elle explique également pourquoi certains ont spontanément refusé les remboursements accordés par St Jo, parce que la solidarité va dans les deux sens et que cet argent servira de toute façon et en priorité à payer ceux dont je parlais plus haut, ceux qui tiennent la barre du navire St Jo alors que la tempête fait rage et qu’on est tous coincés au port en attendant de pouvoir de nouveau embarquer. Que toutes les familles qui soutiennent St Jo, aussi bien celles qui vont avoir besoin qu’on allège leur quotidien que celles qui vont pouvoir se passer de l’aide de St Jo au profit des autres, soient remerciées pour l’image qu’elles montrent d’une communauté éducative soudée et bienveillante.

Enfin, je voudrais te remercier personnellement, car la situation est d’autant plus difficile pour toi que tu n’as pas que le quotidien à gérer, tu as aussi l’avenir à anticiper. Je sais que tu prépares déjà les prochaines rentrées, que tu te préoccupes de la manière dont les examens de fin d’année vont se dérouler, des conséquences financières de la crise actuelle sur les projets de St Jo ou des écoles, de l’incertitude quant aux effectifs suite aux difficultés rencontrées par certaines familles, et d’un million d’autres choses que je peux imaginer… ou pas. Avec Stellio Desbas, et pour filer la métaphore du navire dans la tourmente, vous êtes les meilleurs officiers que St Jo puisse avoir pour passer ce moment difficile. Merci à vous deux.

Amicalement.

PS : je ne l’ai pas précisé, mais je confirme que mon épouse et moi-même ne souhaitons pas recevoir le remboursement proposé dans ton courrier aux familles.

B.G